©Le Canard Enchaîné
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Le désastre annoncé du Mediator
Il y a eu le Vioxx, le Cholstat, maintenant, c’est le tour du Mediator. 500 morts au minimum selon l’étude de la Caisse nationale d’assurance maladie rendue publique en novembre 2010. Sans même parler des patients qui souffriront à vie d’effets secondaires très lourds. Rien de très étonnant, malheureusement, quand on s’est penché sur l’organisation de notre système de santé. Les Médicamenteurs décrivent tout le processus de mise sur le marché des médicaments, ainsi que leur suivi en « vie réelle » dans le corps de patients. Et toutes les bases de ce désastre y sont décrites par le menu. Nos instances ont été incapables de détecter les médicaments dangereux. C’est l’incroyable détermination d’une femme, Irène Frachon, médecin pneumologue au CHU de Brest qui a permit de faire éclater au grand jour cette affaire.
On peut lire l’excellent éditorial du Formindep, qui replace l’ « affaire Mediator » dans le contexte plus global de notre système de santé.
Une étoile de la SCAM pour Les Médicamenteurs
Le 10 octobre dernier, la société civile des auteurs multimédia (SCAM) a décerné une des ses Étoiles 2010 aux Médicamenteurs.
[Chaque année depuis 2005, la Scam, dans le cadre de sa politique d’aide aux auteurs, récompense trente œuvres audiovisuelles ayant été diffusées pour la première fois dans l’année en cours.]
La pandémie pharmaceutique au coeur du système de santé
Pas de contre-indication
Le serment de Roselyne Bachelot
La ministre de la santé Roselyne Bachelot a juré de dire toute la vérité, rien que la vérité. C’était le mardi 23 mars devant la commission d’enquête du Sénat sur le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion par le Gouvernement de la grippe A (H1N1). Vous pouvez voir l’intégralité de son audition ici :
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Toute la vérité, peut-être, mais une vérité loin d’être passionnante. On n’a pas appris grand-chose de cette (très) longue audition. Sans doute parce que Le Figaro du matin avait éventé le montant de l’indemnité destinée au laboratoire Novartis pour le dédommager de l’annulation des commandes de vaccins contre la grippe H1N1 : 16% du montant des contrats. Le ministère de la Santé a fait une proposition sur cette même base aux deux autres laboratoires concernés : GlaxoSmithKline et Sanofi-Pasteur. Le laboratoire Baxter ne devait fournir « que » 50000 doses ; il n’est donc pas concerné par ces dédommagements. Une enveloppe de 48 milions d’euros est prévue au total. Les négociations ont été menées sur un ton « viril mais correct » selon Le Figaro. Ça laisse rêveur. Pour mémoire, 50 millions de doses ont été résiliées sur les 94 millions initialement prévus. Le montant de la facture s’élevait à 712 millions d’euros.
Il y en a un, en revanche, qui s’est bien amusé. C’est François Autain, membre du groupe Communiste, Républicain, Citoyen et des Sénateurs du Parti de Gauche du Sénat et président de la commission d’enquête. Bras en écharpe par dessus la cravate, teigneux à souhait, le sénateur s’est engouffré dans une joute toute en ironie avec la ministre. Laquelle s’est montrée relativement bonne joueuse – on l’a vue sourire plus d’une fois. Ces deux-là, il est vrai, se connaissent depuis longtemps. Dans mon livre Les Médicamenteurs, je raconte d’ailleurs leur première rencontre, pas vraiment sous le signe de la tendresse. En 1969, François Autain était médecin et avait un cabinet médical à Bouguenais, en Loire-Atlantique. Roselyne Bachelot était visiteuse médicale pour le laboratoire Ici Pharma (comme le montre le document ci-dessous). Le futur sénateur avait bloqué la future ministre dès le parking. Rien à voir avec son bras cassé, quarante ans plus tard.
StH
[Source du document : Le dossier. Chronique européenne des pays de Loire N°54, Juillet 2004.]
La grande invasion – le film
La Grande Invasion, le documentaire est terminé. Nous attendons que France 5 nous donne la date de diffusion. En attendant plus de détails, voilà la bande annonce.
LA GRANDE INVASION
envoyé par Mosaique-Films. – Vidéos des dernières découvertes technologiques.
Commission d’enquête du Sénat : le menu
Les auditions de la commission d’enquête du Sénat sur « le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion par le gouvernement de la grippe H1N1 » commencent mardi 23 mars 2010. Vous pouvez consulter ici le texte complet de la proposition de résolution, qui n’y va pas avec le dos de la cuillère.
Après avoir rappelé les faits, rien que les faits, saupoudrés de chronologie des non-événements, les sénateurs écrivent : « C’est dans ce contexte qu’ont été prises un certain nombre de mesures incohérentes et disproportionnées dont le seul fondement assumé semble être – si l’on en croit le Président de la République – le principe de précaution. En l’occurrence, un tel niveau de précaution confine à l’irresponsabilité ou plus précisément au refus de prendre ses responsabilités, comme si le principe de précaution permettait de s’en affranchir. »
Cette « gestion calamiteuse », selon eux, « marque la faillite d’un système qui repose essentiellement sur des experts recrutés moins pour leurs compétences que pour les liens qu’ils entretiennent avec l’industrie pharmaceutique. C’est sans doute la raison pour laquelle, à la différence de leurs collègues économistes qui ne voient pas venir les crises, ils les inventent pour le plus grand bénéfice des fabricants de vaccins et d’antiviraux. gestion calamiteuse marque la faillite d’un système qui repose essentiellement sur des experts recrutés moins pour leurs compétences que pour les liens qu’ils entretiennent avec l’industrie pharmaceutique. C’est sans doute la raison pour laquelle, à la différence de leurs collègues économistes qui ne voient pas venir les crises, ils les inventent pour le plus grand bénéfice des fabricants de vaccins et d’antiviraux. »
Mardi 23, la presse est privée d’apéritif. Les deux premières auditions de l’après-midi ne sont pas ouvertes au public. C’est réglementaire. Mais contrariant. Nous ne saurons donc pas ce qu’ont à dire :
– Thierry Coudert, directeur général de l‘Établissement de Préparation et de Réponse aux Urgences Sanitaires (EPRUS), l’organisme d’État qui a été chargé de négocier les contrats des vaccins grippe avec les laboratoires pharmaceutiques.
– Noël Renaudin, président du Comité économique des produits de santé, l’instance qui, au sein du ministère de la Santé, fixe les prix des médicaments en France.
En revanche, la ministre Roselyne Bachelot sera entendue à 17h. Enregistrée, l’audition sera bientôt disponible en ligne.
Mercredi 24, ce sera le tour de :
– Jean Marimbert, directeur de l’Agence française de sécurité saniatire des produits de santé (AFSSAPS),
– Françoise Weber, directrice de l’Institut national de veille sanitaire (InVS),
– Didier Houssin, directeur général de la Santé.
La composition de la commission d’enquête est la suivante :
Président : M. François Autain.
Vice-présidents : M. Claude Domeizel, M. Jean-Jacques Jégou
Secrétaires : Mme Odette Herviaux, Mme Christiane Kammermann
Rapporteur : M. Alain Milon
Liste complète des membres de la commission d’enquête : MM. François Autain, Gilbert Barbier, Mme Marie-Christine Blandin, MM. Christian Demuynck, Marcel Deneux, Claude Domeizel, Guy Fischer, Bruno Gilles, Jean-Pierre Godefroy, Michel Guerry, Mmes Marie-Thérèse Hermange, Odette Herviaux, MM. Alain Houpert, Jean-Jacques Jégou, Mme Christiane Kammermann, MM. Serge Lagauche, Marc Laménie, Jacky Le Menn, Alain Milon, Mme Patricia Schillinger, M. Alain Vasselle
Grippe : l’influence des laboratoires en ligne de mire mardi au Sénat (AFP)
Une dépêche de l’AFP sur la commission d’enquête du Sénat sur « le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion par le gouvernement de la grippe H1N1 » cite Les Médicamenteurs.
Grippe : l’influence des laboratoires en ligne de mire mardi au Sénat
L’influence supposée des laboratoires pharmaceutiques sur les experts sanitaires, dénoncée à l’occasion de l’épidémie de grippe H1N1, sera au coeur mardi de l’audition du ministre de la santé, Roselyne Bachelot, devant une commission d’enquête du Sénat.
Cette commission d’enquête sur « le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion par le gouvernement de la grippe H1N1 » a été mise en place à l’initiative des communistes et du Parti de gauche.
Elle est présidée par François Autain (Parti de gauche), et son rapporteur est Alain Milon (UMP).
M. Autain, médecin généraliste, a donné le ton des débats en dénonçant une « surévaluation des risques », voire une « dramatisation » par le gouvernement de cette épidémie qui n’a fait à ce jour que quelque 300 morts en France.
Parlant de « liens incestueux », il a déploré que les experts qui travaillent avec les laboratoires soient « souvent ceux qui conseillent les gouvernements ».
L’audition devrait s’élargir à une critique générale de la gestion gouvernementale de la lutte contre la pandémie : contrats signés à la hâte sans clause de résiliation, commande de 94 millions de doses « inutilisées et inutilisables », mise à l’écart des généralistes pour ce qui n’était finalement « pas une véritable pandémie »…
On s’est affolé parce que « plus on alarme, plus ça fait vendre », dit le sénateur Autain à l’AFP.
Depuis que la pandémie de grippe s’est révélée plutôt anodine, l’indépendance des experts est mise en doute vis-à-vis de laboratoires qui financent leurs recherches, leur offrent des postes de consultants et des participations à des congrès.
Lors d’une audition collective sur l’expertise organisée début mars à l’Assemblée nationale par le député PS Gérard Bapt, Jean Marimbert, directeur général de l’Afssaps (l’agence du médicament), les avait défendus en estimant qu' »il y a une stigmatisation injuste des experts, dans l’ensemble intègres » et qu’il était difficile de trouver des experts sans conflit d’intérêt dans des domaines « pointus ».
Pour lui, il faut seulement être « intraitable » sur le respect des règles de déontologie.
La loi, certes, impose aux experts de préciser les intérêts personnels qu’ils peuvent avoir dans une affaire du fait notamment de leurs liens avec les laboratoires. Mais les déclarations d’intérêts ne sont pas vérifiées, et il n’y a pas de sanction en cas d’omission.
Un travail est en cours sur une charte de la déontologie de l’expertise en santé publique, commune à toutes les agences sanitaires. André Cicolella, du Réseau environnement santé, a suggéré de créer une « Haute autorité de l’alerte et de l’expertise », qui ferait respecter les principes. « Sans gendarme, le code de la route est un chiffon de papier », a-t-il dit à l’Assemblée.
Dans « Les médicamenteurs », une journaliste indépendante, Stéphane Horel, dénonce l' »omniprésence de l’industrie pharmaceutique à tous les étages du système de santé français ».
Une commission d’enquête sur la grippe s’est aussi mise en place à l’Assemblée, à l’initiative du groupe Nouveau centre. Considérée comme « frileuse » par les socialistes, elle devrait auditionner le ministre dans les prochaines semaines, essentiellement sur l’organisation de la campagne de vaccination.
Mme Bachelot a été auditionnée plusieurs fois déjà par les commissions des affaires sociales de l’Assemblée ou du Sénat sur la lutte contre la grippe H1N1.
©AFP 22.03.2010, 17h03