Grippe : l’influence des laboratoires en ligne de mire mardi au Sénat (AFP)

Une dépêche de l’AFP sur la commission d’enquête du Sénat sur « le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion par le gouvernement de la grippe H1N1 » cite Les Médicamenteurs.

Grippe : l’influence des laboratoires en ligne de mire mardi au Sénat

L’influence supposée des laboratoires pharmaceutiques sur les experts sanitaires, dénoncée à l’occasion de l’épidémie de grippe H1N1, sera au coeur mardi de l’audition du ministre de la santé, Roselyne Bachelot, devant une commission d’enquête du Sénat.

Cette commission d’enquête sur « le rôle des firmes pharmaceutiques dans la gestion par le gouvernement de la grippe H1N1 » a été mise en place à l’initiative des communistes et du Parti de gauche.

Elle est présidée par François Autain (Parti de gauche), et son rapporteur est Alain Milon (UMP).

M. Autain, médecin généraliste, a donné le ton des débats en dénonçant une « surévaluation des risques », voire une « dramatisation » par le gouvernement de cette épidémie qui n’a fait à ce jour que quelque 300 morts en France.

Parlant de « liens incestueux », il a déploré que les experts qui travaillent avec les laboratoires soient « souvent ceux qui conseillent les gouvernements ».

L’audition devrait s’élargir à une critique générale de la gestion gouvernementale de la lutte contre la pandémie : contrats signés à la hâte sans clause de résiliation, commande de 94 millions de doses « inutilisées et inutilisables », mise à l’écart des généralistes pour ce qui n’était finalement « pas une véritable pandémie »…

On s’est affolé parce que « plus on alarme, plus ça fait vendre », dit le sénateur Autain à l’AFP.

Depuis que la pandémie de grippe s’est révélée plutôt anodine, l’indépendance des experts est mise en doute vis-à-vis de laboratoires qui financent leurs recherches, leur offrent des postes de consultants et des participations à des congrès.

Lors d’une audition collective sur l’expertise organisée début mars à l’Assemblée nationale par le député PS Gérard Bapt, Jean Marimbert, directeur général de l’Afssaps (l’agence du médicament), les avait défendus en estimant qu' »il y a une stigmatisation injuste des experts, dans l’ensemble intègres » et qu’il était difficile de trouver des experts sans conflit d’intérêt dans des domaines « pointus ».

Pour lui, il faut seulement être « intraitable » sur le respect des règles de déontologie.

La loi, certes, impose aux experts de préciser les intérêts personnels qu’ils peuvent avoir dans une affaire du fait notamment de leurs liens avec les laboratoires. Mais les déclarations d’intérêts ne sont pas vérifiées, et il n’y a pas de sanction en cas d’omission.

Un travail est en cours sur une charte de la déontologie de l’expertise en santé publique, commune à toutes les agences sanitaires. André Cicolella, du Réseau environnement santé, a suggéré de créer une « Haute autorité de l’alerte et de l’expertise », qui ferait respecter les principes. « Sans gendarme, le code de la route est un chiffon de papier », a-t-il dit à l’Assemblée.

Dans « Les médicamenteurs », une journaliste indépendante, Stéphane Horel, dénonce l' »omniprésence de l’industrie pharmaceutique à tous les étages du système de santé français ».

Une commission d’enquête sur la grippe s’est aussi mise en place à l’Assemblée, à l’initiative du groupe Nouveau centre. Considérée comme « frileuse » par les socialistes, elle devrait auditionner le ministre dans les prochaines semaines, essentiellement sur l’organisation de la campagne de vaccination.

Mme Bachelot a été auditionnée plusieurs fois déjà par les commissions des affaires sociales de l’Assemblée ou du Sénat sur la lutte contre la grippe H1N1.

©AFP 22.03.2010, 17h03

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