Comme promis à la fin de mon livre, je vous raconte sur ce site les suites de plusieurs de mes démarches.
Dans le chapitre XII Travaux pratiques : la grippe H1N1, j’explique comment, après plusieurs semaines d’attente, je n’avais toujours pas de réponse de l’Agence européenne du médicament (EMEA). La question que je lui posais était pourtant assez simple. Je voulais savoir quels experts avaient travaillé sur la grippe H1N1 au sein de l’Agence. Et avoir accès à leurs déclarations publiques d’intérêts avec l’industrie pharmaceutique, bien sûr. Car c’est l’EMEA qui a accordé les autorisations de mise sur le marché des vaccins contre la grippe. Et l’EMEA n’aime pas partager ce genre d’informations. Seules les déclarations d’interêts des membres du Comité des produits médicaux à usage humain sont en ligne (cliquer sur le petit D bleu).
Le 26 janvier 2010, alors que le livre entrait sous presse, l’EMEA se décidait à apporter un premier élément de réponse. À noter que mon premier email datait du 27 novembre 2009. Entre les deux, plusieurs emails de l’EMEA avaient fait mine de ne pas comprendre ce que je demandais. Histoire de grapiller un peu de temps sans doute. L’Agence a la mauvaise habitude de se dérober et d’étirer les délais au maximum.
Le 26 janvier, donc, je reçois ce courrier de David Mackay, qui est, bizarrement, directeur des médicaments vétérinaires et de la gestion des données sur les produits de l’EMEA. Il me présente ses excuses, d’abord, Mr Mackay. Il a mis bien longtemps me répondre. C’est parce qu’il a fallu consulter plusieurs personnes, comprenez-vous. Et de joindre les déclarations d’intérêts des experts du groupe de travail vaccin (Vaccine working party), du groupe de travail produits biologiques (Biologics working party), du directeur du Comité des produits médicaux à usage humain (Committee for medicinal products for human use ou CHMP) et du directeur du groupe de travail pharmacovigilance (Pharmacovigilance Working Party, ou PhVWP).
Aucun de ces 39 experts ne signale de liens d’intérêts.
Vous pouvez télécharger l’intégralité de leurs déclaration d’intérêts au format .zip en cliquant ci-dessous :
Mais la réponse de l’EMEA est incomplète. Il manque les déclarations d’intérêts des experts qui ont examiné les dossiers des vaccins. C’est-à-dire le plus intéressant. À la fin de sa lettre, Mr Mackay explique: « Nous vous informons que la suite de votre demande a été mise à l’ordre du jour d’une réunion des directeurs des agences européennes du médicament les 28-29 janvier 2010, durant laquelle la responsabilité de la publication des déclarations publiques d’intérêts devrait être clarifiée. Nous vous informerons de l’issue des discussions aussitôt que possible ».
Aussitôt que possible, ce fut le 10 février, avec un nouveau mot doux de Mr Mackay, d’un culot inouï. « Les États membres sont seuls responsables pour la gestion des conflits d’intérêts au sein de leurs équipes et pour les personnes qu’ils engagent afin de fournir des services à l’Agence européenne du médicament. Par conséquent, toute demande sur la composition ou le fonctionnement des équipes d’évaluation devra être adressée aux autorités nationales compétentes des (co)-rapporteurs respectifs. » Traduction de la novlangue administrative : pour avoir accès aux déclarations d’intérêts des experts qui ont examiné les dossiers de vaccins grippe, il faut appeler, l’une après l’autre, les différentes agences qui les ont envoyés. L’Agence finlandaise, britannique, allemande etc.
Mr Mackay conclut donc par ces mots : « l’Agence considère désormais que votre requête a été traitée ».
Maltraitée, plutôt.
StH.