Archives de catégorie : Eau

Pesticides : le prix des rivières 2008

Cet article est un collier de chiffres. Comme chaque année depuis 1998, l’Institut français de l’environnement (IFEN) publie son rapport sur les pesticides dans les eaux. Les chiffres ne changent guère d’une année sur l’autre. Ils sont toujours aussi impressionnants : 91% des cours d’eau contiennent des traces de pesticides, 55% des eaux souterraines (le terme englobant les nappes phréatiques). La qualité de l’eau est considérée de “moyenne” à “mauvaise” dans 36% des cours d’eau, de “médiocre” à “mauvaise” dans 25% des eaux souterraines.

Les données publiées concernent les prélèvements opérés en 2005. Et en 2005, donc, 233 pesticides ont été relevés au moins une fois (contre 229 en 2004). L’atrazine et ses congénères sont cette fois détrônés par le glyphosate (le fameux herbicide Roundup).

Principales substances présentes dans les eaux (métropole et DOM) :

Eaux Souterraines Eaux Superficielles

* L’AMPA est un métabolite (produit de dégradation) du glyphosate. L’atrazine déséthyl et le 2-hydroxy atrazine sont des métabolites de l’atrazine. Graphiques issus du rapport de l’IFEN.

Pour mémoire, 74.719 tonnes de pesticides ont été vendues en 2005 selon l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP), structure regroupant les industriels. En France, près de 500 pesticides bénéficient d’une autorisation de mise sur le marché pour l’agriculture.

Source : IFEN

St.H.

[15 janvier 2008]


Le Rhône aux PCB

France 5 diffuse dimanche 16 décembre Rhône : le fleuve empoisonné, un documentaire sur la pollution massive du Rhône aux PCB (polychlorobyphényles – plus souvent appelés pyralènes en France). Pollution qui a conduit les préfectures des Bouches-du-Rhône, du Gard et du Vaucluse à interdire en 2007 la vente et la consommation de poissons pêchés dans le fleuve.

Les PCB appartiennent à la déplaisante famille des “douze salopards”, des polluants persistants interdits dans les 151 pays signataires de la Convention de Stockholm sur les produits organiques persistants (POP) de mai 2001.

Pour plus d’informations sur les PCB et ce “Tchernobyl à la française”, dixit le WWF, voir leur rapport de septembre 2007 qui fait le point sur la situation dans la région et explique la problématique des polluants persistants. Ou encore les vidéos que l’organisation a projetées lors de sa conférence de presse du 19 septembre.

Rhône : le fleuve empoisonné. Documentaire de 52 mn de Sébastien Deurdilly. Produit par Maximal productions, 2007. Dimanche 16 décembre, 22.20 et mardi 18 décembre 16.30 – France 5.

[14 décembre 2007]

Sous le pont Mirabeau coule un supermarché

Un rapport de la Royal Society of Chemistry (Grande-Bretagne) rendu public le 10 décembre s’inquiète du nombre croissant de substances chimiques détectées dans les cours d’eau du pays. En sus des pesticides qui n’ont pas atteint leur cible dans les cultures et des rejets des usines, les rivières contiennent à peu près tout ce que nous laissons écouler dans nos siphons… et de nos conduits urinaires. Oui, nous urinons des résidus de xanax ou d’aspirine, de caféine ou de pilule contraceptive. Et à cela, on ne peut pas y faire grand-chose, à moins de pisser dans des containers et de les abandonner dans des grottes. Les stations d’assainissement des eaux ne filtrent pas ces polluants.

Le rapport britannique relève néanmoins que de les shampoings, gels douche et autres produits d’hygiène qui finissent dans les cours d’eau sont accompagnés d’une farandole de substances nocives pour l’environnement et, à terme, pour l’homme. Le triclosan, par exemple, cet agent antibactérien contenu dans les détergents, les dentifrices ou le savon, qui s’accumule dans le corps des poissons. Mais aussi dans les nôtres : on le détecte dans le lait maternel.

PoissonAutres polluants, les alkylphénols sont – en partie – tenus pour responsables d’un phénomène appelé “féminisation” (voir Fiche Octylphénol et Fiche Nonylphenol). À force de baigner dans des produits qui agissent sur le système hormonal, un tiers des poissons mâles du pays sont en fait des semi-femelles, d’après l’Agence britannique de protection de l’environnement. Outillés d’ovaires, les poissons mâles produisent de la vitellogénine, une protéine destinée à la fabrication des œufs. Non, ce n’est pas normal. Oui, il semblerait que la situation soit comparable en France. Semblerait, car l’enthousiame budgétaire pour financer la recherche n’est, lui, pas comparable.

St.H.

Sources : INERIS, The Scotsman. Photo : Center for Ecology and Hydrology (Grande-Bretagne)

[12 décembre 2007]